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LE PEUPLE


« ment imposées, il ne reste pas au propriétaire la jouissance du tiers du revenu, et que, dans les communautés lésées par la répartition, les propriétaires sont réduits à la condition de simples fermiers qui recueillent à peine de quoi récupérer les frais de culture ». En Auvergne[1], la taille monte à 4 sous pour livre du produit net ; les accessoires et la capitation emportent 4 autres sous et 3 deniers ; les vingtièmes, 2 sous et 3 deniers ; la contribution pour les chemins royaux, le don gratuit, les charges locales et les frais de perception prennent encore 1 sou 1 denier : total, 11 sous et 7 deniers par livre de revenu, sans compter les droits seigneuriaux et la dîme. « Bien plus, le bureau a reconnu avec douleur que plusieurs collectes payent à raison de 17 sous, de 16 sous, et les plus modérées à raison de 14 sous (par livre). Les preuves en sont sur le bureau ; elles sont consignées dans les registres de la Cour des Aides et des sièges des élections. Elles le sont encore plus dans les rôles des paroisses, où l’on trouve une infinité de cotes faites sur des biens abandonnés que les collecteurs afferment et dont le produit souvent ne suffit pas pour le payement de l’impôt. » — De pareils chiffres sont d’une éloquence terrible, et je crois pouvoir les résumer en un seul. Si l’on met ensemble la Normandie, l’Orléanais, le Soissonnais, la Champagne, l’Île-de-France, le Berry, le

  1. Procès-verbaux de l’assemblée provinciale d’Auvergne (1787), 253. — Doléances, par Gaultier de Biauzat, membre du conseil nommé par l’assemblée provinciale d’Auvergne (1788), 3.