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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


ront en conscience, et celle qu’ils construiront à la place sombrera avant de sortir du port.

Si du moins ils consultaient les pilotes et les constructeurs de profession ! — Il y en a plusieurs autour d’eux, et qui ne peuvent pas leur être suspects ; car, pour la plupart, ils sont étrangers, nés en pays libre, impartiaux, bienveillants et de plus unanimes. Le ministre des États-Unis[1] écrit deux mois avant la convocation des États Généraux : « Moi, un républicain, et sorti pour ainsi dire hier de cette Assemblée qui a formé l’une des plus républicaines entre toutes les Constitutions républicaines, je ne cesse de prêcher le respect pour le prince, la considération pour les droits de la noblesse, la modération, non seulement dans le choix, mais encore dans la poursuite du but. » — Jefferson, démocrate et radical, ne parle pas autrement. À l’époque du Serment du Jeu de Paume, il redouble d’instances pour engager La Fayette et les autres patriotes « à entrer en arrangement avec le roi, à assurer la liberté de la presse, la liberté religieuse, le jugement par jury, l’habeas corpus et une législation nationale, choses qu’on était certain de lui faire adopter, à se retirer ensuite chez eux, et à laisser agir ces institutions sur la condition du peuple, jusqu’à ce qu’elles le rendent capable de plus grands progrès, avec la certitude que les occasions ne leur manqueront pas pour lui faire obtenir

  1. Morris, 25 février 1789. — La Fayette. Mémoires, V, 492. — Lettre de Jefferson, 14 février 1815. — Arthur Young, 27 et 29 juin 1789.