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LA RÉVOLUTION


don, qu’on ordonne à toute personne qui en achète d’acheter en même temps une égale quantité d’orge. À Viroflay, trente femmes, avec une arrière-garde d’hommes, arrêtent sur la grande route les voitures qu’elles supposent chargées de grains. À Montlhéry, sept brigades de la maréchaussée sont dispersées à coups de pierres et de bâtons : une cohue énorme, huit mille personnes, femmes, hommes, munis de sacs, fondent sur les grains exposés en vente, se font délivrer à 24 francs le blé qui en vaut 40, en pillent la moitié et l’emportent sans rien payer. « La maréchaussée est découragée, écrit le subdélégué ; la résolution du peuple est étonnante ; je suis effrayé de ce que j’ai vu et entendu. » — Depuis le 15 juillet 1788, jour de la grêle, « le désespoir » a pris les paysans : si grande qu’ait été la bonne volonté du propriétaire, on n’a pu les aider ; « il n’existe aucun atelier de travaux[1] ; les seigneurs et les bourgeois, obligés de faire la remise de leurs revenus, ne peuvent donner de l’ouvrage ». Aussi « le peuple affamé n’est pas loin de risquer la vie pour la vie », et, publiquement, hardiment, il cherche des vivres où il y en a. — À Conflans-Sainte-Honorine, Éragny, Neuville et Chenevières, à Cergy, Pontoise, l’Isle-Adam, Presles et Beaumont, hommes, femmes, enfants,

    5 mai. — Arthur Young, 10 et 29 juin. — Archives nationales, H, 1453. Lettre du subdélégué de Montlhéry, 14 avril.

  1. Archives nationales, H, 1453. Lettre du subdélégué Gobert, 17 mars ; de l’officier de maréchaussée, 15 juin. — « Les 12, 13, 14, 15, 16 mars, les habitants de Conflans se sont généralement révoltés contre le lapin. »