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LA RÉVOLUTION


émeutes où les magistrats sont contraints de tolérer ou de sanctionner les usurpations populaires, de fermer les églises, de chasser ou emprisonner les prêtres, de supprimer les octrois, de taxer les grains, de laisser pendre, assommer ou égorger les commis, les boulangers, les marchands de blé, les ecclésiastiques, les nobles et les officiers. Aux Archives nationales, quatre-vingt-quatorze liasses épaisses sont remplies de ces violences et n’en contiennent pas les deux tiers. Il vaut mieux considérer encore une fois un cas particulier, détaillé, vérifié, qui serve de spécimen, et présente en raccourci l’image de la France pendant une année tranquille. — À Aix, au mois de décembre 1790[1], en face des deux clubs jacobins, un club d’opposants s’était formé, avait rempli les formalités et, comme le club des Monarchiens à Paris, prétendait avoir le droit de s’assembler au même titre que les autres. Mais, ici comme à Paris, les Jacobins ne veulent de droits que pour eux-mêmes, et

  1. Archives nationales, F7, 3195. Rapport des commissaires envoyés par l’Assemblée nationale et le roi, 23 février 1791. (Sur les événements des 12 et 14 décembre 1790.) — Mercure de France, n° du 29 février 1791. (Lettres d’Aix et notamment lettre des sept officiers détenus dans les prisons d’Aix, 30 janvier 1791.) — Le plus ancien club jacobin, formé en février 1790, avait pour titre Club des vrais amis de la Constitution. — Le second club jacobin, formé en octobre 1790, fut « composé, dès le principe, d’artisans et de cultivateurs des faubourgs et des environs ». Il avait pour titre : Société des frères antipolitiques, ou frères vrais, justes et utiles à la patrie. — Le cercle opposant, formé en décembre 1790, s’intitulait, selon les uns, les Amis du roi, de la paix et de la religion ; selon les autres, les Amis de la paix ; selon d’autres enfin, les Défenseurs de la religion, des personnes et des propriétés.