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LA RÉVOLUTION


un bureau Central de correspondance entre « les sections » ; tous les jours un commissaire élu y viendra porter les arrêtés de sa section et en rapportera les arrêtés des quarante-sept autres. Naturellement, ces commissaires élus vont délibérer entre eux, avec président, secrétaire, procès-verbal et toutes les formes d’un vrai conseil municipal. Naturellement, puisqu’ils sont élus d’aujourd’hui et avec un mandat spécial, ils doivent se trouver plus légitimes que le conseil municipal élu quatre ou huit mois auparavant avec un mandat vague. Naturellement, puisqu’on les a installés dans l’Hôtel de Ville, à deux pas du conseil municipal, ils seront tentés de prendre sa place ; pour se substituer à lui, il leur suffit de changer de salle : ce n’est qu’un corridor à traverser.

IV

Ainsi éclôt, couvée par les Girondins, la terrible Commune de Paris, celle du 10 août, du 2 septembre, du 31 mai : la vipère n’est pas encore sortie du nid qu’elle siffle déjà ; quinze jours avant le 10 août[1], elle commence à dérouler ses anneaux, et les sages hommes d’État qui l’ont si diligemment abritée et nourrie aper-

    à la maison commune ». Ensuite les commissaires des sections occupent une autre salle presque contiguë à la salle du Trône où siège le conseil municipal, et, dans la nuit du 9 au 10 août, les deux conseils siègent simultanément, pendant quatre heures, à deux pas l’un de l’autre.

  1. Robespierre, 7e lettre à ses commettants. « Les sections,… pendant plus de quinze jours, préparèrent la dernière révolution. »