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LA RÉVOLUTION


massacre en grand de tous les malveillants ou suspects ; un autre meneur, Dodieu, a dressé la liste nominative de deux cents aristocrates à pendre, et, le 9 septembre, les femmes à piques, les enragés des faubourgs, des bandes « d’inconnus », ramassés par le club central[1], entreprennent de nettoyer les prisons. Si la boucherie n’y est pas aussi large qu’à Paris, c’est que la garde nationale, plus énergique, intervient au moment où, dans la prison de Roanne, un émissaire parisien, Saint-Charles, tenant sa liste, relevait déjà les noms sur le livre d’écrou. Mais, en d’autres endroits, elle est arrivée trop tard. — Huit officiers de Royal-Pologne, en garnison à Auch, quelques-uns ayant vingt et trente ans de service, avaient été contraints, par l’insubordination de leurs cavaliers, de donner leur démission ; cependant, sur la demande expresse du ministre de la guerre, ils étaient restés à leur poste par patriotisme et, en vingt-deux jours de marches pénibles, ils avaient conduit leur régiment d’Auch à Lyon. Trois jours après leur arrivée, saisis de nuit dans leurs lits, menés à Pierre-Encize, lapidés dans le trajet, tenus au secret, l’interrogatoire, répété et prolongé, n’a mis au jour que leurs services

  1. Archives nationales, F7, 3245. — Lettre du maire et des officiers municipaux de Lyon, 25 août. — Lettre du substitut du procureur de la commune, 29 août. — Copie d’une lettre de Dodieu, 27 août. (Roland répond avec horreur, et dit qu’il faut poursuivre.) — Procès-verbal de la journée du 9 septembre, et lettre de la municipalité, 11 septembre. — Mémoire des Officiers de Royal-Pologne, 7 septembre. — Lettre de M. Périgny, beau-père d’un des officiers assassinés, 19 septembre. — Mortimer-Ternaux, III, 342. — Guillon de Montléon, I, 124. 4-Balleydier, Histoire du peuple de Lyon, 91.