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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


un observateur[1], et ressemble beaucoup à ceux qui « ont préparé le 2 septembre ». — Le même soir, aux Jacobins, un membre propose « d’exterminer tous les scélérats avant de partir ». — « J’ai étudié la Convention, dit-il[2] ; elle est composée en partie de scélérats dont il faut faire justice. Il faut que tous les partisans de Dumouriez et tous les conspirateurs périssent ; il faut tirer le canon d’alarme et fermer les barrières. » Le lendemain matin, « les murs de Paris sont tapissés d’affiches » invitant les Parisiens « à se hâter d’égorger les hommes d’État[3] ». — « Il faut en finir », c’est le mot des sans-culottes. — La semaine suivante, aux Jacobins comme partout, « l’insurrection instantanée est à l’ordre du jour… Ce que nous appelions autrefois le saint enthousiasme de la liberté, du patriotisme, est métamorphosé en une fureur qui fait éclater un peuple enragé et qu’il n’est plus possible de régler, de discipliner que par la force. Il n’y a aucun de ces malheureux qui ne consentît à la contre-révolution, à condition qu’on lui laisserait écraser sous ses doigts, sous ses pieds, ceux des noirs qui sont le plus notés[4]… Conclusion : le jour, l’heure, le moment où l’insurrection aura lieu sera sans doute celui où la faction croira pouvoir utilement et sans

  1. Schmidt, I, 212. Rapport de Dutard, 13 mai. — ib., I, 218 : « Il y a véritablement un projet, et plusieurs têtes sont marquées. » (Terrasson, 15 mai.)
  2. Buchez et Roux, XXVII, 9. Récit de Guadet à la Convention, 14 mai.
  3. Buchez et Roux. XXVII, 2. (Patriote français, 13 mai.)
  4. Schmidt, I, 242. Rapport de Dutard, 18 mai, — Ib., 245.