« vertus et tous les miracles de la république à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie. » Nous ferons cela, tout cela, coûte que coûte. Peu importe la génération vivante : nous travaillons pour les générations futures. « L’homme obligé de s’isoler du monde et de lui-même jette son ancre dans l’avenir et presse sur son cœur la postérité innocente des maux présents[1]. » Il sacrifie à son œuvre sa vie et la vie d’autrui. « Le jour où je serai convaincu, écrit Saint-Just, qu’il est impossible de donner au peuple français des mœurs douces, énergiques, sensibles, inexorables pour la tyrannie et l’injustice, je me poignarderai. » — « Ce que j’ai fait dans le Midi, dit Baudot, je le ferai dans le Nord : je les rendrai patriotes : ou ils mourront, ou je mourrai. » — « Nous ferons un cimetière de la France, dit Carrier, plutôt que de ne la pas régénérer à notre manière. » — En vain des esprits aveugles ou des cœurs dépravés voudraient protester ; c’est parce qu’ils sont aveugles ou dépravés qu’ils protestent. En vain l’individu alléguerait ses droits individuels ; il n’en a plus : par le Contrat social qui est obligatoire et seul valable, il a fait abandon de tout son être ; n’ayant rien réservé, « il n’a rien à réclamer ». Sans doute, quelques-uns regimberont, parce que chez eux le pli contracté persiste et que l’habitude postiche recouvre encore l’instinct originel. Si l’on déliait le cheval de meule, il recommencerait à tourner en rond ; si l’on
- ↑ Buchez et Roux, XXXV, 276, 287 (Institutions par Saint-Just). — Moniteur, XVIII, 343 (séance des Jacobins ; 13 brumaire an II, discours de Baudot).