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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/354

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LA RÉVOLUTION


80 000 francs d’assignats se fait adjuger une terre valant 500 000 francs en numéraire : Fouché, qui commence dans la Nièvre l’amas des douze ou quatorze millions qu’il aura plus tard[1] ; et tant d’autres, pauvres ou ruinés avant la Révolution, qui, au sortir de la Révolution, se trouveront riches : Barras, avec sa terre de Gros-Bois ; André Dumont, avec l’hôtel de Plouy, des meubles superbes et une terre de 400 000 livres ; Merlin de Thionville, avec ses maisons de campagne, ses équipages, son domaine du Mont-Valérien et ses autres domaines ; La Porte, Saliceti, Reubell, Rousselin, Châteauneuf-Randon, et le reste des mangeurs ou des pourris du Directoire. Sans parler des taxes et confiscations dont ils ne rendent point compte, ils ont, pour se faire un magot, les rançons offertes sous main par les suspects et leurs familles ; rien de si commode, d’autant plus que le Comité de Sûreté générale, même informé, laisse faire : poursuivre des Montagnards, « ce serait faire rétro-

    Robin). — Berryat-Saint-Prix, 35 (Dépositions de Fourrier et de Louise Courant, lingère).

  1. Sur Tallien, Mémoires de Senar. — Sur Javogues, Moniteur, XXIV, 461, 24 floréal an III. Pétition contre Javogues, avec plusieurs pages de signatures, notamment des habitants de Montbrison : « Dans le compte rendu par lui à la Convention, l’état du numéraire et des assignats n’est porté qu’à 774 606 livres, et la dépouille d’un seul individu lui a fourni plus de 500 000 livres de numéraire ». — Sur Fouché, comte de Martel, 252. — Sur Dumont, Mallet du Pan, Notes manuscrites (janvier 1795). — Sur Rovère, Michelet, VI, 256. — Carnot, II, 87 (D’après les mémoires de l’Allemand Œlsner, qui était à Paris sous le Directoire) : « Le ton du salon de Barras était celui d’une maison de jeu un peu distinguée ; la maison de Reubell ressemblait à une salle d’auberge où s’arrête la diligence. »