Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
344
LA RÉVOLUTION


ponnerie, dans le seul Paris, la Convention diminue de 50 000 le nombre des refusants, et pareillement, en province, à la façon d’un régisseur véreux qui, obligé de rendre ses comptes, supprime des chiffres et remplace les additions par des soustractions. — Voilà comment, à l’endroit des décrets, sur 300 000 votants qu’elle additionne, elle peut annoncer 200 000 oui, 100 000 non, et proclamer que le peuple souverain, son maître, après lui avoir donné quittance générale et décharge plénière, certificat d’intégrité et brevet de capacité, l’investit de nouveau de sa confiance, et lui continue expressément son mandat.

Reste à conserver par la force ce pouvoir usurpé par la fraude. — Aussitôt après la répression des émeutes jacobines, la Convention, menacée à droite, s’est tournée à gauche : il lui fallait des alliés, gens d’exécution ; elle en prend où elle en trouve, dans la faction qui l’a décimée avant Thermidor, et que depuis Thermidor elle décime. En conséquence, ses comités dirigeants suspendent les procédures contre les principaux Montagnards ; nombre de Terroristes, les anciens présidents de section, « les matadors de quartier » arrêtés après le 1er Prairial, recouvrent au bout d’un mois leur liberté[1] ; ce sont

    rité des voix était incontestablement contre son projet. Ainsi, pour avoir voulu faire passer la loi d’élection à l’abri de la Constitution, toutes les deux avaient été repoussées. »

  1. Schmidt, Tableaux de Paris pendant la Révolution (Rapports du 1er et du 22 messidor an III) : « Les bons citoyens sont alarmés des mises en liberté nombreuses prononcées en faveur des membres des Comités révolutionnaires ». — « La mise en liberté de plusieurs Terroristes est généralement improuvée. »