tieuse a déroulé devant les juges, les jurés et le public de Blois la série solennelle des témoignages authentiques et vérifiés ; huit jours de débats ont parfait l’évidence flagrante, et la sentence va être rendue. Subitement, deux semaines avant le 13 Vendémiaire, un décret annule la procédure, qui a déjà coûté 600 000 livres, et prescrit de la recommencer sous d’autres formes. Puis, après le 13 Vendémiaire, le représentant Sevestre vient à Blois, et son premier soin est d’élargir les massacreurs. — Une trentaine de coquins ont régné à Blois pendant la Terreur, tous étrangers, sauf quatre ou cinq, « tous plus ou moins entachés de crimes », d’abord les principaux égorgeurs, Hézine, Gidouin et leurs complices des districts voisins, Simon et Bonneau ; avec eux, l’ex-maire de Blois, Besard, jadis soldat, concussionnaire convaincu, voleur des caves qu’il mettait sous le séquestre ; Berger, ex-cordelier, puis dragon, qui, le pistolet à
traces de sang sur la route ; les chefs faisaient fusiller ceux qui tombaient de fatigue. — Arrivée à Blois le 18 frimaire ; Hézine dit, devant la Maison commune : « Demain matin, on leur donnera une bonne correction, et nous ferons voir aux Blésois comme on les arrange. » — Le lendemain, Hézine et Gidouin, se promenant avec Lepetit, chef de l’escorte, dans la cour de l’auberge, lui disent : « Tu vas nous en faire fusiller ; il faut nous en faire fusiller de ces sacrés gueux de prêtres, pour faire un exemple au peuple. » Lepetit fait sortir quatre paysans, les range lui-même au bord de l’eau, les fait fusiller et jeter dans la rivière. Hézine et Gidouin crient : « Vive la nation ! » — Puis Gidouin dit à Lepetit : « Est-ce que tu ne feras fusiller que ces quatre paysans-là ? Tu ne nous feras pas fusiller quelques curés ? » Cinq prêtres sont fusillés. — À Beaugency, nouvelles fusillades ; les chefs prennent la meilleure part des dépouilles, entre autres Lepetit, qui fait monter un coffre dans sa chambre, s’approprie les effets qu’il contient, vend un lit et un matelas.