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LA RÉVOLUTION


forces présentes et futures. Étant d’une secte, ils subordonnent la France à leurs dogmes, et, avec les courtes vues, l’orgueil, l’arrogance du sectaire, ils ont son intolérance, ses besoins de domination, ses instincts de propagande et d’envahissement. — Cet esprit belliqueux et tyrannique, ils l’étalaient déjà sous la Législative, et ils s’en sont enivrés sous la Convention. Après Thermidor[1]

  1. Albert Sorel, Revue historique, nos de mars et mai 1882, les Frontières constitutionnelles en 1795 : « Les traités conclus en 1795 avec la Toscane, la Prusse et l’Espagne montrent que la paix était facile, et que la reconnaissance de la République fut opérée avant même que le gouvernement républicain fût organisé… Que la France fût monarchie ou république, il y avait une certaine limite que la puissance française ne devait point franchir, parce qu’elle n’était en proportion ni avec les forces réelles de la France, ni avec la répartition des forces entre les autres États de l’Europe. Sur ce point capital, la Convention se trompa ; elle se trompa sciemment…, par un calcul longuement médité ; mais ce calcul était faux, et la France en paya chèrement les conséquences. » — Mallet du Pan, II, 288, 23 août 1795 : « Les monarchistes et nombre de députés de la Convention sacrifieraient toutes les conquêtes pour accélérer et obtenir la paix. Mais les Girondins fanatiques et le comité de Siéyès persistent dans le système de tension. Trois motifs les dirigent : 1o le dessein d’étendre leur doctrine avec leur territoire ; 2o le désir de fédéraliser successivement l’Europe à la République française ; 3o celui de prolonger une guerre partielle, qui prolonge aussi le pouvoir extraordinaire et les moyens révolutionnaires. » — Carnot, Mémoires, I, 476 (Rapport au Comité de Salut public, 28 messidor an II) : « Il paraît beaucoup plus sage de restreindre nos projets d’agrandissement à ce qui est purement nécessaire pour porter au maximum la sûreté de notre pays. » — Ib., II, 132, 134, 136 (Lettres à Bonaparte, 28 octobre 1796 et 8 janvier 1797) : « Il serait imprudent d’allumer trop fortement en Italie un incendie révolutionnaire… On voulait que vous opérassiez la Révolution en Piémont, à Milan, à Rome, à Naples ; j’ai pensé qu’il valait mieux traiter avec ces pays en tirer des subsides, et se servir de leur propre organisation pour les contenir. »