Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/103

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Il n’en a pas fait d’autre ; et vous trouverez, dans ses leçons, par exemple, le plus étonnant contraste entre l’exposition et l’invention. Rien de plus travaillé que ses plans ; rien de plus improvisé que ses idées. Il construit des édifices admirables, hardis, élégants, d’une architecture nouvelle et symétrique ; et ce sont des châteaux de cartes. Il invente en deux mots la philosophie de la physique : attraction, répulsion, il n’y a pas d’autres forces ; toutes celles des chimistes et des physiciens se réduiront à celles-là ; et sur quoi se fonde cette prophétie ? sur ce que toutes les idées se réduisent à deux, celle du fini et celle de l’infini. — Il contredit toutes les habitudes françaises, il dément toutes les siennes, il se fait disciple de Hegel, en déclarant que la méthode expérimentale ne convient pas à la philosophie de l’histoire, qu’il faut, pour la construire, trouver a priori les idées fondamentales de la raison, que ces idées ont dû passer dans les faits, que les grandes périodes de l’histoire les représentent, et qu’on ne peut trouver en histoire, comme en physique, que le fini, l’infini et leur rapport. — Il s’apprête des embarras graves, en jetant imprudemment à chaque page des phrases panthéistes ; en disant par exemple que la création[1] est fort aisée à comprendre et que Dieu créa le monde comme

  1. Introduction à l’histoire de la philosophie, cours de 1828, p. 146.