Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/15

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tamment les causes premières, comme des choses situées hors de la portée de l’intelligence humaine, de sorte qu’on ne peut rien affirmer ou nier d’elles ; ils retranchent ces recherches de la science et la réduisent à la connaissance des lois, c’est-à-dire des faits généraux et simples auxquels on peut ramener les faits complexes et particuliers.

Les spiritualistes, par exemple, disent que la cause de la vie est la force vitale, sorte d’être incorporel, uni à la matière pour l’organiser, et que la cause de l'univers est un être distinct, spirituel, subsistant par lui-même et assez analogue à l’âme que nous apercevons en nous.

Les positivistes, au contraire, déclarent ne rien savoir ni sur la cause de la vie, ni sur la cause de l’univers. Ils se bornent à noter la somme et la direction des réactions chimiques et les actions physiques qui composent la vie, et à grouper les lois expérimentales qui résument tous les faits observés dans notre univers.

Les spiritualistes relèguent les causes hors des objets, les positivistes relèguent les causes hors de la science. Réunis sur le principe et divisés sur les conséquences, ils s’accordent à situer les causes hors du monde observé et ordinaire pour en faire un monde extraordinaire et à part, avec cette différence que les spiritualistes croient pouvoir connaître ce monde et que les positivistes ne le croient pas.

C’est pourquoi si l’on prouvait que l’ordre des causes se confond avec l’ordre des faits, on réfuterait à la fois les uns et les autres ; et les conséquences tombant avec