Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/24

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indé- et de la souveraine puissance ? du sentiment que produisent en lui la régularité des lois de la nature et la marche calculée des astres, à l’idée d’un ordonnateur suprême ? du sentiment de ce qu’il fait lui-même quand il dispose ses actions pour les conduire vers un but, à l’idée d’une intelligence infinie ? Ces trois idées ne sont qu’une seule idée. Mais comme cette idée unique sort de trois sentiments divers, on a pu, en la prenant sous trois points de vue, en faire le moyen de trois arguments de l’existence de Dieu, distincts et séparés. Le premier est puisé au fond même de notre nature. Le second éclate dans la magnificence du spectacle de l’univers. Le troisième nous vient avec une force irrésistible de la considération des causes finales.

Et un peu plus loin :

Ce qui constitue proprement la bonté morale, c’est la fin que se propose l’agent libre, à savoir, le bien de ses semblables, et quelquefois aussi d’autres motifs, comme celui de ne pas blesser la dignité de sa nature, de nous conformer à l’ordre, et surtout de nous soumettre à la volonté de notre Créateur.

Sensation, statue ! Il n’en faut pas davantage à certains esprits pour crier au matérialisme. — La sensation de l’âme est distincte de l’impression de l’organe. — L’âme est une substance immatérielle, inétendue, simple, spirituelle. Vous ne pouvez nier la simplicité et la spiritualité de l’âme, qu’en niant que vous ayez la faculté de comparer, ou qu’en admettant en vous pluralité de moi, pluralité de personne.

Ces passages et beaucoup d’autres semblables, tirés de Condillac lui-même, le consolèrent un peu :