Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

employée à développer les suites d’une bévue. On répugne à croire que tant de fortes facultés aient peiné si obstinément et si laborieusement pour creuser et fermer le cachot où il s’est enfoui. Attendez les preuves. Il a mis tous ses soins et toute son énergie à vous convaincre, et, bon gré, malgré, vous serez convaincu.

Posez d’abord avec lui qu’il y a deux psychologies : l’une analogue aux sciences physiques, ayant pour objet de constater, de décrire et de classer les plaisirs, les peines, les sensations, les idées, bref, toutes nos opérations passagères ; l’autre ne ressemblant à aucune des sciences physiques, unique en son genre, ayant pour objet d’observer et de définir le sujet permanent et la cause durable de ces opérations[1]. La première n’étudie que les modifications, les effets, les phénomènes ; la seconde étudie la substance et l’être qui sont l’âme et le moi, Il laisse la première et s’attache tout entier à la seconde. Il n’observe que le moi, l’âme, l’être, la substance. Où les trouve-t-il ? Dans la volonté. Cela est si étonnant, qu’il faut le laisser parler :

« Cette volonté n’est pas différente de moi. Le moi s’identifie de la manière la plus complète et la plus intime avec cette force motrice (sui juris) qui lui appartient[2]. »

  1. Tome IV, p. 180.
  2. Ibid., p. 244, 245.