Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le père, qui vouloit se prévaloir de la beauté de sa fille, et la mère, qui étoit coquette, reçurent toute la cour chez eux. M. de Guise fut celui dont on parla le premier avec elle. On disoit qu’il avoit laissé une galoche en descendant par une fenêtre. Il disoit qu’il lui sembloit avoir toujours le petit chose de la petite Paulet devant les yeux. M. de Chevreuse suivit son aîné, et ce fut ce qui la décria le plus, car il lui avoit donné pour vingt mille écus de pierreries dans une cassette : elle la confia à un nommé Descoudrais, à qui il la fit escamoter.

Le ballet de la Reine-mère se dansa en ce temps-la. Elle y chanta des vers de Lingendes, qui commençoient ainsi :

Je suis cet Amphion, etc.

Or, quoique cela convînt mieux à Arion, elle étoit pourtant sur un dauphin, et ce fut sur cela qu’on fit ce vaudeville :

Qui fit le mieux du ballet ?

Ce fut la petite Paulet.


Madame de Rambouillet, qui avoit eu de l’inclination pour cette jeune fille dès le ballet de la Reine-mère, après avoir laissé passer bien du temps pour purger la réputation, et voyant que dans sa retraite on n’en avoit point médit, commença à souffrir, à la prière de madame de Clermont-d’Entragues, femme de grande vertu et sa bonne amie, que mademoiselle Paulet la vît quelquefois. Pour madame de Clermont. elle avoit tellement pris cette fille en amitié qu’elle n’eut jamais de repos que mademoiselle Paulet ne vint loger avec elle. Le mari, fort sot homme du reste, soit qu’il craignît la réputation qu’avoit eue cette fille, soit, comme il y a plus d’apparence, car madame de Clermont n’étoit point jolie, qu’il crût que sa femme donnoit à mademoiselle Paulet, qui alors, pour ravoir son bien, plaidoit contre diverses personnes, le mari, dis-je, avoit traversé longuement