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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/140

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ARNAULD D’ANDILLY

M. d’Andilly, fils d’Antoine Arnauld, s’étant rendu habile dans les finances, fut premier commis de M. de Schomberg ; mais, comme il a de la vanité à revendre, il affectoit devant le monde de faire paroître qu’il avoit tout le pouvoir imaginable sur l’esprit du surintendant. M. de Schomberg n’y prenoit pas plaisir, et dit : « Mon Dieu ! cet homme parle beaucoup ! »

Au retour du voyage de Lyon, il revint avec un nommé Barat, qui étoit à M. de Puisieux ; cet homme, plus fin que lui, lui tira les vers du nez ; l’autre, grand parleur comme il étoit, dit plus de choses qu’il n’en devoit dire. Barat en tira avantage ; et M. de Schomberg, ayant été disgracié quelque temps après, on dit que d’Andilly en étoit cause ; mais M. de Schomberg, ne l’a jamais cru car il le tint au nombre de ses meilleurs amis, et M. et madame de Liancourt prirent conseil de lui en leurs affaires.

Ce M. de Schomberg avoit les mains nettes, et d’Andilly aussi. Quoiqu’on lui dît que, s’il vouloit prendre le soin de parler au Roi, il dissiperoit toutes les cabales qu’on faisoit contre lui, il ne s’en soucia point, et dit : « Je ferai mon devoir, et il en arrivera ce qu’il pourra. » Il avoit succédé au président Jeannin, qui dit, quand on le fit surintendant : « De quoi se sont-ils avisés de m’aller charger de leurs finances  ? Le moindre marchand fera cela. » C’étoit encore un homme de bien : quand il vit à Tours que la partie étoit faite pour mettre M. de Schomberg en sa place, il dit au Roi : « Sire, je suis vieux, je vous prie de me donner M. de Schomberg pour successeur. »

Ce M. d’Andilly s’est mêlé de vers et de prose, mais il n’a guère de génie ; il sait, et il a de l’esprit. Il a été dévot