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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/169

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nom de guerre, qu’elle prenne celui-là qu’un autre » Il n’étoit pas maréchal alors. On lui dit : « Depuis elle ne se fait point appeler la maréchale de Bassompierre — Je crois bien, dit-il, c’est que je ne lui ai pas donné le bâton depuis ce temps-là. »

Quand il acheta Chaillot la Reine-mère lui dit : « Hé ! pourquoi avez-vous acheté cette maison  ? C’est une maison de bouteille. — Madame, dit-il, je suis Allemand — Mais ce n’est pas être à la campagne, c’est le faubourg de Paris — Madame, j’aime tant Paris que je n’en voudrois jamais sortir. — Mais cela n’est bon qu’à y mener des garces. — Madame, j’y en mènerai. »

On croit qu’il étoit marié avec la princesse de Conti. La cabale de la maison de Guise fut cause enfin de sa prison, et sa langue aussi en partie, car il dit : « Nous serons si sots que nous prendrons La Rochelle. »

Il eut un fils de la princesse de Conti, qu’on a appelé La Tour Bassompierre ; on croit qu’il l’eût reconnu s’il en eût eu le loisir. Ce La Tour étoit brave et bien fait. En un combat où il servoit de second, ayant affaire à un homme qui depuis quelques années étoit estropié du bras droit, mais qui avoit eu le loisir de s’accoutumer à se servir du bras gauche, il se laissa lier le bras droit et battit pourtant son homme. Il logeoit chez le maréchal ; depuis il est mort de maladie.

Bassompierre gagnoit tous les ans cinquante mille écus à M. de Guise ; madame de Guise lui offrit dix mille écus par an et qu’il ne jouât plus contre son mari, il répondit comme le maître-d’hôtel du maréchal de Biron : « J’y perdrois trop. »

Il a toujours été fort civil et fort galant. Un de ses laquais ayant vu une dame traverser la cour du Louvre, sans que personne lui portât la robe, alla la prendre en disant : « Encore ne sera-t-il pas dit qu’un laquais de M. le maréchal de Bassompierre laisse une dame comme cela. »