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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/217

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du grand abord qu’il y avoit chez lui ; madame l’apaisoit en lui disant que sa sœur, qui logeoit avec elle, ne trouveroit jamais mari, s’il ne venoit bien du monde les voir. Enfin il tomba malade l’été de 1658. Au dix-septième jour de sa maladie, il appelle sa femme. « Madame, lui dit-il, ce M. Brayer fait durer mon mal autant qu’il peut, cela me ruine ; congédiez-le. La nature me guérira bien sans lui. » Et le soir il dit à une fille : « Charlotte, à quoi bon deux chandelles ? Eteignez-en une. » Le lendemain il fut à l’extrémité. Sa femme, qui n’avoit pas découché, le voyant dans une convulsion, fait aussi l’évanouie de son côté, elle ne manquoit jamais à jouer la comédie. Il revint qu’elle faisoit encore la pâmée. « Revenez, ma chère, lui dit-il, revenez. J’ai fait tirer mon horoscope, je dois avoir quatre femmes ; vous n’êtes encore que la troisième. » Cependant il passa le pas. Elle le sut si bien cajoler qu’outre tous les avantages qu’il lui avoit faits elle lui fit donner vingt-quatre mille livres à sa sœur, une laideronne qu’il haïssoit comme la peste. Pour montrer ce que c’est que cette femme, il ne faut que dire que le maréchal d’Estrées ayant été obligé d’aller coucher chez elle, en Beauce, à cause que son carrosse s’étoit rompu la nuit, elle et sa sœur lui allèrent donner le fouet, quoiqu’il eût quatre-vingts ans. Il ne fit qu’en rire.

A Paris, le 2 septembre 1657 (1).

[(1) La copie de cette lettre s’est trouvée dans l’un des portefeuilles de Tallemant des Réaux.]

« Sire Bonnart, comme je m’aperçois que la sentence de condamnation du criminel appelant sera confirmée par messieurs de la cour, et qu’il sera renvoyé exécuter sur le territoire de ma terre d’Olé, je vous fais ce mot, pour vous avertir que j’ai vu un arbre vieux, sur son retour, près du cimetière de l’église, que je désire que vous fassiez émonder et abattre, et d’icelui arbre faire une potence pour faire l’exécution d’icelui criminel, et de faire serrer