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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/224

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Notre Seigneur, encore sur une montagne. Il ne fait rien de miraculeux que sur ces montagnes ; aussi la Transfiguration, n’étoit-ce pas une affaire de vallon ? »

Voyant des gens jusque sur l’autel, il dit en entrant en chaire : « Voilà la prophétie accomplie : Super altare tuum vitulos. »

Il prêchoit en un couvent de Carmes sur l’église desquels le tonnerre étoit tombé sans en blesser un seul. « Ah ! dit-il, regardez quelle bénédiction de Dieu ; si le tonnerre fût tombé sur la cuisine, il n’en fût réchappé pas un. » On dit Carme en cuisine.

À la fête de Pâques, il se faisoit une objection. « Mais un mari et une femme qui couchent ensemble un si bon jour, que feront-ils  ? À cela il faut répondre par une comparaison. Si le jour de Pâques un débiteur vous apporte de l’argent, il est bonne fête ; mais les gens ne sont pas toujours en humeur de payer ; je suis d’avis qu’on le reçoive. Faites l’application, Mesdames. »

À propos de romans, il disoit : « J’ai beau les faire quitter à ces femmes, dès que j’ai tourné le cul, elles ont le nez dedans. »

Parlant de David, il dit que, quand il alla en paradis, Dieu dit, le voyant venir de loin : « Qui est-ce  ? » et puis, quand il fut plus près : « Ah ! c’est mon bon serviteur David ; bras dessus, bras dessous, camarades comme cochons. »

Le jour de l’Ascension, décrivant la réception qu’on fit à Jésus-Christ au Ciel, il dit que Dieu dit à David : « Tenez la musique toute prête, voici mon fils qui vient. »

Prêchant des religieuses qui l’avoient fort pressé de leur donner un sermon, il leur dit : « Eh bien ! me voilà ; à cause que je suis Boullanger, vous croyez que j’ai toujours du pain cuit ; mais vous ne songez pas combien j’ai de choses à faire. » Il se mit à leur conter toutes ses occupations. Après, il compara une fille qui entroit en