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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/251

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Père en joue, lui dit : « Retirez- vous, mon Père, ou je vous tue : il a vécu chien, il faut qu’il meure chien. » Cela fit tellement rire Romainville, qu’il en guérit. Cependant le chevalier se confessa à quelques années de là, et mourut comme un autre homme, en disant qu’il ne craignoit que de n’avoir pas assez de temps pour se bien repentir. Il avoit les jambes fort enflées, et il disoit : « Je les veux léguer à Laverdeux. » C’est un gros frère qu’il avoit.


MADAME DE COURCELLES-MARGUENAT

Madame de Courcelles est fille d’un homme riche de Paris qui s’appeloit Passart : elle a un frère maître des comptes. On la maria à un maître des comptes, homme qui n’étoit point mal fait. Elle est petite et a les yeux petits, mais elle est fort jolie et fort coquette. Sa mère lui avoit tant fait entendre de messes qu’elle n’en fut guère friande quand elle fut mariée. Elle souffrit bien avec son beau-père, un vieux fou, chez qui il falloit aller passer tous les ans six mois, en Champagne ; mais en revanche elle en tiroit beaucoup. Le premier qui a fait galanterie avec elle est un conseiller au grand conseil, nommé Gizaucour ; il est de Champagne, et étoit voisin du beau-père, et frère de la première femme de Courcelles. Ce Gizaucour se jeta dans la débauche ; c’étoit avant que d’être conseiller ; et négligea la dame, ou bien en fut négligé ; mais il a eu la curiosité d’avoir toujours quelqu’un des gens de la belle à lui, qui lui conte tout ce qu’elle fait. Il dit que Brancas lui succéda, et que durant sa gueuserie madame de Courcelles répondoit pour lui aux marchands. Un soir que Courcelles vint par hasard, et contre sa coutume, dans la chambre de sa femme, il y