Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’étoit là le péché qu’il avoit envie de commettre, et qu’ils l’en avoient absous.

Un confesseur demandoit à un soldat qui se confessoit s’il avoit jeûné. « Que trop, mon père, répondit-il ; j’ai quelquefois été huit jours sans manger du pain. — Mais si vous en eussiez eu, dit le confesseur, vous en eussiez mangé  ? — Très assurément, répondit le soldat. — Mais, ajouta le confesseur, Dieu ne prend pas plaisir à ces jeûnes forcés. — Ma foi, répliqua le soldat, ni moi non plus, mon père. »

Maldachin étant amant favori de donna Olimpia, et partageant ses plus douces faveurs avec le pape, elle lui dit un jour dans ses transports les plus violents : Coragio, mi Maldachin, ti fara cardinale ; mais il lui répondit : Quando sarebbe per esser papa non posso più_ (1).

[(1) Courage, je te ferai cardinal. — Quand cela serait pour être pape, je ne peux plus. ]

Clermont-Tonnerre, évêque de Noyon, disoit dans une maladie qu’il avoit : « Hélas ! Seigneur, ayez pitié de ma grandeur. »

Le même évêque disoit des docteurs de Sorbonne : « C’est bien affaire à des gueux comme cela de parler du mystère de la Trinité. »

Rabelais étant fort malade, son curé, qui ne passoit pas pour un habile homme, le vint voir pour lui administrer les sacrements, et, lui montrant la sainte hostie, lui dit : « Voilà votre Sauveur et votre maître qui veut bien s’abaisser jusqu’à venir vous trouver ; le reconnaissez-vous bien ? — Hélas ! oui, répondit Rabelais, je le reconnois à sa monture. »