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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/351

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Les voleurs attaquèrent un soir madame Cornuel. L’un d’eux, entrant dans son carrosse, commença par lui mettre la main sur la gorge ; mais elle lui repoussa le bras sans s’effrayer, lui disant : « Vous n’avez que faire là, mon ami ; je n’ai ni perles ni tétons. »


MOTS D’ENFANTS

Cette enfant, la petite de Montausier, elle n’a encore que onze ans, a dit de jolies choses dès qu’elle a été sevrée. On amena un renard chez son papa ; ce renard étoit à M. de Grasse. Dès qu’elle l’aperçut elle mit ses mains à son collier ; on lui demanda pourquoi : « C’est de peur, dit-elle, que le renard ne me le vole : ils sont si fins dans les Fables d’Ésope. »

Quelque temps après on lui disoit : « Tenez, voilà le maître du renard ; que vous en semble ? — Il me semble, dit- elle, encore plus fin que son renard. » Elle pouvoit avoir six ans quand M. de Grasse lui demanda combien il y avoit que sa grande poupée avoit été sevrée : « Et vous, combien y-a-t-il ? lui dit-elle, car vous n’êtes guère plus grand. »

À cause de la petite vérole de sa tante de Rambouillet, on la mit dans une maison là auprès. Une dame l’y fut voir : « Et vos poupées, Mademoiselle, lui dit-elle, les avez- vous laissées dans le mauvais air  ? — Pour les grandes, répondit-elle, Madame, je ne les ai pas ôtées, mais pour les petites, je les ai amenées avec moi. » À propos de poupées, elle avoit peut-être sept ans quand la petite des Réaux la fut voir. Cette autre est plus jeune de deux ans. Mademoiselle de Montausier la vouloit traiter d’enfant, et lui disoit en lui montrant ses poupées : « Mettons dormir celle-là. —