Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/358

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plus leur confiance. « C’est d’elle, dit-il, que je tiens la plus grande et la meilleure partie de ce que j’ai écrit et de ce que j’écrirai dans ce livre. »

… Doués des mêmes goûts et rapprochés par quelques circonstances, Patru et des Réaux contractèrent, dès leur jeunesse, une amitié qui ne se démentit jamais. Le père de Patru possédoit une ferme à Pommeuse, terre qui appartenoit à Du Puget de Montauron, beau- père de Tallemant, le maître des requêtes. Patru se livroit à son goût pour les lettres avec une passion qui s’accorde difficilement avec la pratique journalière du barreau. Libre de soins et d’affaires, Tallemant vivoit au milieu des gens de lettres : homme d’esprit sans prétention, il n’écrivoit que pour se distraire ; en voilà plus qu’il n’en falloit pour les rapprocher ; compagnons de plaisirs, peut-être même de voluptueuses dissipations, ils n’avoient point de secrets l’un pour l’autre. En effet, sans les confidences de Patru, comment des Réaux auroit-il pu placer dans ses récits une foule de traits de la jeunesse de ce dernier, et particulièrement ses amours avec la belle madame Levesque  ?

Tallemant perdit Patru le 16 janvier 1681 ; il composa pour lui une épitaphe…

Publiée par le père Bouhours, elle a été réimprimée partout, et particulièrement à la suite de la notice jointe aux œuvres de Patru ; en voici une autre, qui sent son esprit fort : nous l’avons trouvée, écrite de sa main, dans les manuscrits de Tallemant des Réaux.

Gy gist le célèbre Patru,

De qui le mérite a paru

Toujours au-dessus de l’envie ;

Il a savamment discouru,

Mais peu de la seconde vie ;

Heureux s’il n’a trouvé que ce qu’il en a cru !


Tallemant étoit aussi étroitement lié avec Perrot d’Ablancourt auteur de tant de traductions qui ne se lisent plus. et qu’on appeloit de son temps les belles infidèles…

Tallemant aimoit la poésie ; il l’a cultivée pendant tout le cours