Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/371

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leur empire, et la plupart de ces enfants égarés revenoient à la pratique des plus austères vertus. Il n’en a pas été de même dans le siècle qui a suivi : ceux qui se sont dits philosophes ont travaillé à démolir les unes après les autres les bases sur lesquelles repose la société. La religion a d’abord été attaquée, puis le trône puis enfin toute autorité. Quelques insensés ont été même jusqu’à mettre en doute le droit sacré de la propriété, et invoquer cette loi agraire, terreur des patriciens de Rome, en disant à la multitude : « Tu es la plus forte. » Où s’arrêteront ces extravagances impies et démagogiques  ? Les mœurs n’y gagnent pas ; les grandes infortunes et la vieillesse portent leurs regards avec moins de confiance sur un avenir consolateur, dont la pensée leur feroit supporter patiemment leurs malheurs, ou leurs infirmités, si leurs espérances s’appuyoient sur des croyances religieuses.

Tallemant n’a pas été bien compris par tous les lecteurs ; on l’accuse, par exemple, d’avoir cherché à ôter quelque chose de la grandeur du caractère de Henri IV, d’avoir essayé de diminuer le sentiment d’amour qui inspirera toujours la mémoire du bon roi. Ce reproche est injuste. Dans l’historiette de ce prince, l’anecdotique Tallemant s’attache plus au vert galant qu’au grand roi ; il laisse à l’historien le soin de peindre les belles actions du monarque, et il parle plus de ses maîtresses que de ses exploits…

Bornons-nous à faire observer que, le plus souvent, on adopte sans discussion des idées convenues sur certains personnages de l’histoire ; leurs contemporains remarquoient en eux des défauts et des foiblesses que nous n’apercevons plus. Ils ne les voyoient pas comme nous, placés sur un piédestal. Recevons avec plus d’indulgence les révélations contenues dans les documents nouvellement découverts, et examinons-les au flambeau d’une saine critique.

Tallemant a été l’objet d’une accusation grave ; sa plume est loin d’être chaste ; il raconte avec une blâmable complaisance des anecdotes scandaleuses, et il foule aux pieds des bienséances