Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/233

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vous les trouviez couchés ensemble ? — Je ferois sonner, dit-il, toutes les cloches des environs de l’hôtel de Guise, comme si les pardons étoient chez nous. »

De Florence, où il s’étoit retiré du temps du cardinal de Richelieu, il écrivoit au maréchal de Bassompierre dans la Bastille : « Je suis ici pour n’être pas . »

Le comte de Fiesque d’aujourd’hui passant à Florence, M. de Guise lui dit : « Comte, dis un peu à M. le Grand-Duc (c’étoit en sa présence) combien il y a de lapins dans la garenne de Saint-Germain, car il ne me veut pas croire. — Mais, monsieur, dit le comte, le moyen de dire cela ? — Eh ! reprit M. de Guise, à cinq ou six près, cela n’importe. »

Il étoit grand rêveur et grand menteur. Boisrobert soutient pourtant qu’il y avoit de l’affectation, et qu’il l’y avoit surpris : en voici un exemple qui pourroit bien être de ce nombre, mais qui ne laisse pas d’être fort joli et fort obligeant. Le Fouilloux[1] avoit dit à M. de Guise une épigramme de Gombauld qui lui avoit plu extrêmement. Le duc se promène quelque temps, et puis tout-à-coup appelant le gentilhomme : « N’y auroit-il point moyen, lui dit-il, de faire en sorte que j’eusse fait cette épigramme ? »

Il avoit pourtant de qui tenir pour être rêveur, car sa mère l’étoit honnêtement. Un jour elle entendit fort

  1. On conte de ce Fouilloux qu’étant nouveau venu de sa province de Saintonge, les filles de la Reine le prirent pour un bon campagnard ; il n’étoit pourtant pas si niais. Elles lui demandèrent bien des choses à quoi il répondit en innocent. « Eh ! ma compagne, qu’il est bon ! se disoient-elles l’une à l’autre. — Mais à quoi vous divertissez-vous dans votre voisinage ? — Eh ! dit-il, je nous entre-f..... » Les voilà toutes à fuir : depuis elles ne se jouèrent plus à lui. (T.)