Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jour qu’il vit un des siens qui dormoit la bouche ouverte, il lui alla faire un pet dedans. Ce page, demi-endormi, cria : « B....., je te ch.. dans la gueule. » Monsieur avoit passé outre. Il demande à un valet-de-chambre, nommé Du Fresne : « Qu’est-ce qu’il dit ? — Il dit, monseigneur, dit gravement le valet-de-chambre, qu’il ch.. dans la gueule à Votre Altesse Royale. »

Ce même homme, qui fait comme cela des tours de page, a une sotte gloire, comme de ne vouloir pas qu’on se couvre jamais dans son carrosse, non pas même en voyage. Le feu Roi s’en moquoit hautement. Il est si inquiet, qu’il faut le boutonner en courant. Il a toujours son chapeau comme un gloriot, siffle toujours, et a toujours la main dans ses chausses. Nous dirons le reste dans les Mémoires de la Régence.




SAUVAGE.


Sauvage étoit à M. d’Orléans. C’étoit un goinfre fort agréable. Il contrefaisoit admirablement bien les chansons du Pont-Neuf. Monsieur s’étant retiré en Lorraine, il le voulut aller trouver, et, pour avoir des bottes à bon marché, il en commanda à dix ou douze cordonniers différents, à qui il donna diverses heures. À chacun, il dit qu’il y avoit une botte trop étroite, et leur donna alors une même heure pour la rapporter. Quand ils vinrent, ils ne trouvèrent plus personne.

De Bruxelles, Sauvage envoyoit des Gazettes pleines