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Il eut aussi de grands démêlés avec M. de Montbason, pour en avoir fait cent railleries, comme : que c’étoit un homme bien fait, qu’il n’y avoit pas au monde de plus beau corps-nu (il équivoquoit sur cornu). D’ailleurs le bon homme avoit su que l’Onosandre[1] étoit une pièce contre lui. La Reine-mère accommoda cela, et on dit que M. de Montbason, entre autres choses, l’ayant menacé de coups de pied, il faisoit remarquer à la Reine-mère : « Madame, voyez quel pied ! que fût devenu le pauvre Bautru ? » M. de Montbason étoit fort grand et puissant. Mais Bautru ne fut pas traité si doucement de la belle-mère que du gendre. Il avoit, dit-on, fait galanterie avec la comtesse de Vertus, et il en avoit fait des médisances épouvantables. Elle s’en voulut venger, et pour

    rée : « Bautru un jour se promenoit avec un bâton ; quelqu’un demanda à Saint-Pavin : « D’où vient qu’il porte un bâton ? — C’est, répondit-il, la marque de son martyre. »

  1. L’Onosandre, ou la Croyance du grossier, satire en vers, par Bautru. Cette pièce parut d’abord isolément, sans date, en sept pages in-8o. Elle fut reproduite dans le second volume du Cabinet satirique. La première édition offre cette singularité que le duc de Montbason y est désigné par ses initiales. Nous citerons ce passage de cette pièce rare :

     Hé ! quelle anrageson
    De voir dans un conseil un asne sans raison ?
       M. D. M.
    Qui croid que le grand Cayre est un homme, et les Plines
    Des païs éloignez comme les Filippines ;
    Que l’Évangile fut écrit dedans le ciel,
    Voire d’un des tuyaux de l’aile Saint-Michel ;
    Qui tient que Mahomet, et les Turcs et les Gotz,
    Confraires de Calvin, étoient grands Huguenots ;
    Que Christofle portant le grand Sauveur du monde,
    En plaine mer n’estoit jusques au cul dans l’onde, etc.