Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/112

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cela elle s’adressa au marquis de Sourdis, qui lui promit, comme il le fit, de lui donner des coups de bâton sur le quai de l’École ; et elle étoit à la Samaritaine pour en avoir le plaisir. Le marquis le traita plus humainement que les Simons, mais il eut pourtant quelques coups.

À la province, je ne sais quel juge de bicoque l’importunoit trop souvent. Un jour que cet homme vint le demander, il dit à son valet : « Dis-lui que je suis au lit. — Monsieur, il dit qu’il attendra que vous soyez levé. — Dis-lui que je me trouve mal. — Il dit qu’il vous enseignera quelque recette. — Dis-lui que je suis à l’extrémité. — Il dit qu’il vous veut dire adieu. — Dis-lui que je suis mort. — Il dit qu’il veut vous donner de l’eau bénite. » Enfin il le fallut faire entrer.

Il disoit du Père Pradines, cordelier, son confesseur, qu’il étoit aussi noble que le grand-duc, et qu’il venoit de quatre têtes couronnées de Cordeliers de père en fils. On avoit donné à ce Père un brevet de confesseur des Enfants de France jusqu’à l’âge de sept ans, et on ne se confesse qu’à cet âge-là.

Le cardinal de Richelieu en faisoit cas, et disoit qu’il aimoit mieux la conscience d’un Bautru que de deux cardinaux de Bérulle. Il l’envoya en Espagne, en qualité d’envoyé seulement ; et le comte-duc lui montrant son gallinero, il lui dit que le Roi, son maître, lui envoyoit dellos gallos. L’autre se plaignit qu’on lui envoyoit des bouffons.

Ce fut par le conseil de Bautru que le cardinal ne fit point imprimer cette harangue qu’il prononça au Parlement, et qui avoit fait tant de bruit. Pour l’en