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conseilla à M. le cardinal de donner deux petits prieurés qu’avoit cet homme à quelques-uns des principaux de sa musique. On donna à choisir à Maugars ; il prit celui qui valoit le moins ; il valoit cinquante livres de rente de moins que l’autre. On lui en demanda la raison : « C’est, dit-il, que ce prieuré s’appelle Saint-Julien, et on ne manqueroit jamais de m’appeler Saint-Julien le ménétrier. » Quand il eut ce bénéfice, il demanda à prêcher devant le domestique. Le cardinal le lui permit. Il prêcha une heure durant contre les médecins et les poètes, à cause de Pitois, médecin du cardinal, et de Boisrobert. Il haïssoit encore plus l’abbé de Beaumont, aujourd’hui M. de Rodez, alors maître-de-chambre du cardinal, et disoit : « M. de Beaumont ne m’aime pas, parce qu’il sait bien que je ne le puis aimer, depuis qu’il me fessa si rudement lorsqu’il étoit cuistre au collége. »

Il avoit été en Angleterre, où un nommé Sinette, fils d’un hôtelier de Lyon, et qui étoit de la musique du Roi aussi bien que lui, le fit battre. Maugars, qui étoit vindicatif, trouva moyen de couler dans le couvert du Roi un billet en ces termes : « Je donne avis à Votre Majesté qu’un nommé Sinette a attenté à sa personne sacrée ; c’est un secret révélé en confession, je n’en puis pas dire davantage. » Le pauvre Sinette fut près de deux ans pour cela dans la Tour de Londres, et ne l’eût point su si Maugars ne s’en fût vanté. Cela fit dire au commandeur de Jars que Maugars étoit un fou scélérat.

    rie de Médicis, morts aux Incurables en 1670. Il a publié beaucoup de pièces pour la défense de la Reine-mère.