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temps sacré. Elle avoit fait imprimer un livre intitulé : l’Ombre, ou les Présents de la damoiselle de Gournay[1]. Dans ce livre il y avoit un chapitre des diminutifs, comme chauderon, chauderonnet, chauderonnellet. Boisrobert lui demanda un jour la raison du titre de ce livre. Elle ne la lui sut dire. « Il faut chercher, répondit-elle, dans mon cabinet d’Allemagne. » Mais, après avoir bien fouillé dans tous les tiroirs, elle ne la trouva point.

M. le comte de Moret, le chevalier de Bueil et Yvrande lui ont fait autrefois bien des malices. Une fois, pour se moquer de quelques-uns où elle avoit mis Tit pour Titus, ils lui envoyèrent ceux-ci :

Tit[2], fils de Vesp.[3], roi du Rom. héritage,
Des peuples inchrétiens qui cassèrent Carthage,
Prodiguoit rarement son amoureux empoix ;
Mais il aimoit si fort les filles de science,
Que la Gournay eût eu son auguste semence,
Il l’eût même Titée au plus fort de ses mois.

On dit que c’est Desmarets qui les fit.

Ils en firent encore pour elle. Il y avoit en un endroit le mot de foutaison : « Jamin, dit-elle en ronflant selon sa coutume, merdieu ! ce mot-là n’est pas en usage, je le passerois pourtant : il est vrai qu’il est un peu vilain. »

Ces pestes lui supposèrent une lettre du roi Jacques d’Angleterre, par laquelle il lui demandoit sa Vie et son portrait. Elle fut six semaines à faire sa Vie. Après,

  1. La première édit. (Paris, 1626, in-8o) a pour titre : l’Ombre de la demoiselle de Gournay ; la seconde, plus ample : Les Avis et les Présents de la demoiselle de Gournay. (Paris, 1635 ou 1641, in-4o.)
  2. Tite. (T.)
  3. Vespasien. (T.)