Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/167

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Robert nommé d’Ouville[1], qui y étoit comme ingénieur. Bois-Robert le fit prier par tout le monde de l’y remettre ; ses amis lui dirent : « Nous l’avons un peu ébranlé, voyez-le. » Bois-Robert y va : La Vrillière le reçoit par un mortdieu. « Mortdieu ! monsieur, vous vous passeriez bien de me faire accabler par tout le monde pour votre frère, pour un homme de nul mérite[2]. » Bois-Robert, en contant cela, disoit : « Je le savois bien, il n’avoit que faire de me le dire, je n’allois pas là pour l’apprendre. » Ce qui fâchoit le plus Bois-Robert, c’est que cet homme lui avoit fait la cour autrefois : « Ah ! monsieur, lui dit-il, je ne croyois pas que les ministres d’État jurassent comme vous faites. Mortdieu, il siéroit bien autant à un charretier qu’à vous. Allez, monsieur, mon frère sera mis sur l’état malgré vous et vos dents. » De ce pas il alla trouver le cardinal Mazarin, à qui il fit sa déclaration de ne prétendre rien de lui que cela, mais qu’il y alloit de son honneur. Le cardinal le lui promit. Cependant, dans son ressentiment, Bois-Robert fit une satire plaisante contre La Vrillière qu’il appelle Tirsis. Il y a en un endroit :

Le Saint-Esprit, honteux d’être sur ses épaules,
Pour trois sots comme lui s’envoleroit des Gaules.


Il l’a dite à tout le monde ; les uns en retinrent un endroit, les autres un autre ; M. de La Vrillière le sut ; M. de Chavigny avertit l’abbé que M. de La Vrillière

  1. Antoine Metel, sieur d’Ouville.
  2. La Vrillière est fort brutal. (T.)