Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/409

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oui, lui répondit-il, c’est moi qui l’ai faite ; je ne l’ai jamais nié. » Elle pensa tomber de son haut. « Je vous tromperai, lui dit-il encore, prenez-y garde. » En effet, il n’y manqua pas, car, quelque temps après, il fit l’Aigle de l’empire à la princesse Julie. Cette pièce fut envoyée à mademoiselle de La Brosse, une des filles de madame la Princesse. Elle étoit écrite de la main de M. Chapelain, mais en caractères qui imitoient l’impression. M. Godeau dit brusquement que cela ne valoit pas grand-chose. Il disoit plus vrai qu’il ne pensoit. On les montre à M. Chapelain, qui, pour mieux jouer son jeu, dit en prenant le papier : « Cela est donc imprimé ? » On lui demande laquelle il aimeroit mieux avoir faite de cette pièce ou de la Couronne impériale, qui est à peu près sur le même sujet : il ne veut point décider ; mais M. le marquis de Rambouillet décide, et dit : « Qu’il aimeroit mieux avoir fait cette ode. » M. Godeau, sur cela, change d’avis.

Ils craignirent au commencement qu’il n’y eût de la raillerie touchant cet amour en l’air du roi de Suède[1], car sur ce que mademoiselle de Rambouillet avoit témoigné une grande estime pour le roi de Suède, on lui avoit fait la guerre qu’elle en étoit amoureuse, et Voiture lui avoit envoyé une lettre au nom de ce roi[2], avec son portrait, par quelques gens habillés en suédois.

À propos de cela, la comtesse de Châteauroux, dont nous parlerons ailleurs, un jour, à l’hôtel de Condé, comme mademoiselle de Rambouillet avoit un nœud

  1. Gustave-Adolphe.
  2. Voyez la septième lettre de Voiture.