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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/8

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MADAME DU FARGIS.


Madame du Fargis étoit fille d’un M. de La Rochepot, qui étoit venu de ce M. de Silly qui avoit épousé l’héritière de La Roche-Guyon. Elle avoit une sœur aînée qui fut mariée au général des galères, aujourd’hui le Père de Gondy[1]. Pour elle, son père s’étant remarié avec la marquise de Boissy, mère du marquis de Boissy, père du duc de Rouanez[2], elle fit bien des galanteries avec ce jeune homme qui étoit dans le même logis qu’elle. Cela fit bien du bruit, et on fut contraint de la mettre chez madame de Saint-Paul (de la maison de Caumont), où elle ne fut pas plus sage. En ce temps-là, il lui vint une fantaisie d’être aimée du comte de Cramail ; et elle disoit à ceux qui la vouloient cajoler : « Attendez à une autre fois ; à cette heure je n’ai que le comte de Cramail en tête. » M. de Créquy ne laissa pas que de lui en conter. Il eut un rendez-vous d’elle à Amiens, lorsque la cour y étoit. Il y alla déguisé. M. de Chaudebonne étoit avec lui. Cra-

  1. Philippe-Emmanuel de Gondy, général des galères, puis prêtre de l’Oratoire, né à Limoges en 1581, mort à Joigny le 29 juin 1662.
  2. Le duc de Rouanez suivit la Reine-mère. Son fils est celui qui s’est retiré et a marié sa sœur à La Feuillade. (T.)