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parlement de Rouen, et il la lui fit avoir pour vingt mille écus. Au retour de Rouen, comme elle montroit son fils à Bautru : « N’est-il pas joli ? disoit-elle. — Oui, répondit Bautru, mais je le trouve un peu abâtardi depuis votre voyage de Rouen. » Elle ne laissa pas, comme elle le fait encore, de s’appeler madame de Bassompierre. « J’aime autant, dit Bassompierre, puisqu’elle veut prendre un nom de guerre, qu’elle prenne celui-là qu’un autre. » Il n’étoit pas maréchal alors : on lui dit depuis : « Elle ne se fait point appeler la maréchale de Bassompierre. — Je crois bien, dit-il, c’est que je ne lui ai pas donné le bâton depuis ce temps-là. »

Quand il acheta Chaillot, la Reine-mère lui dit : « Hé ! pourquoi avez-vous acheté cette maison ? c’est une maison de bouteille. — Madame, dit-il, je suis Allemand. — Mais ce n’est pas être à la campagne, c’est le faubourg de Paris. — Madame, j’aime tant Paris, que je n’en voudrois jamais sortir. — Mais cela n’est bon qu’à y mener des garces. — Madame, j’y en mènerai. »

On croit qu’il étoit marié avec la princesse de Conti. La cabale de la maison de Guise fut cause enfin de sa prison, et sa langue aussi en partie, car il dit : « Nous serons si sots que nous prendrons La Rochelle. » Il eut un fils de la princesse de Conti, qu’on a appelé La Tour Bassompierre ; on croit qu’il l’eût reconnu s’il en eût eu le loisir. Ce La Tour étoit brave et bien fait. En un combat où il servoit de second, ayant affaire à un homme qui depuis quelques années étoit estropié du bras droit, mais qui avoit eu le loisir de s’accoutumer à se servir du bras gauche, il se laissa