Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps sans pouvoir décider s’ils étoient moins sains de verre que de papier.

Madame Des Loges morte, Borstel eut soin de ses affaires et de ses enfants. Borstel vint à Paris, et on parla de le marier avec une fille de bon lieu, assez âgée, nommée mademoiselle Du Metz ; mais l’affaire ne put s’achever, car il avoit appris quelque chose qui ne lui avoit pas plu ; mais il ne le voulut jamais dire. Il dit pour excuse qu’il ne vouloit pas la tromper, et qu’on lui avoit fait une banqueroute depuis qu’on avoit proposé de le marier avec elle. Depuis elle a épousé un M. de Vieux-Maison. Gombauld, qui étoit de ses amis, car elle se piquoit d’esprit, lui reprocha sérieusement d’avoir épousé un homme dont le nom ne se pouvoit prononcer sans faire un solécisme.

Borstel, quelque temps après, en cherchant une terre trouva une femme, car il épousa une jeune fille bien faite, qui étoit sa voisine à la campagne, et il en a eu des enfants : mais il ne s’en porta pas mieux. Il envoya ici, en 1655, un mémoire pour consulter sa maladie ; il avoit mis ainsi : « Un gentilhomme de cinquante-neuf ans, etc. » Feret[1], son ami, porta ce mémoire à un nommé Lesmanon, médecin huguenot, qui est à M. de Longueville, qui consulta avec d’autres, et rédigea après la consultation par écrit ; il commençoit ainsi : « Un gentilhomme de soixante-neuf ans, et qui s’est marié depuis quatre ou cinq ans à une jeune fille, etc. » Feret, voyant cela, lui dit qu’il ne l’avoit pas prié de tuer M. Borstel, mais bien de le guérir s’il y avoit moyen, et que de lui parler de son

  1. Secrétaire du duc de Weimar. (T.)