Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/292

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COUSTENAN[1].


Coustenan étoit fils d’un gentilhomme qualifié, qui a été un des plus méchants maris de France. Il donna une fois les étrivières à sa femme. À propos de cela, un paysan qui voyoit qu’un de ses voisins avoit tant battu sa femme qu’elle n’en pouvoit plus, dit naïvement : « Ah ! c’est trop ; l’on sait bien qu’il faut battre sa femme ; mais il y a raison partout. »

Le fils, bien loin de dégénérer, a enchéri de beaucoup par-dessus son père. On dit qu’un jour que son père en colère le poursuivoit à la chaude, l’épée à la main, en l’appelant fils de p....., Coustenan s’y mit aussi en disant : « Si je suis fils de p....., vous n’êtes donc pas mon père. — J’ai tort, dit le bonhomme aussitôt, par ce que tu viens de faire, tu prouves assez que tu es mon fils. »

Il avoit épousé la fille de cette madame de Gravelle dont nous avons parlé ailleurs[2]. Apparemment cette fille ne devoit pas être plus honnête femme que sa mère ; mais elle n’avoit rien de sa mère que la beauté ; aussi avoit-elle été élevée avec toute la sévérité imaginable, et elle disoit elle-même qu’il n’y avoit que des femmes comme sa mère pour bien élever des filles. Jamais

  1. Timoléon de Bauves, seigneur de Contenant, mort vers 1644. Tallemant a écrit partout Coustenan ; mais le Père Anselme et Morery appellent ce gentilhomme Contenant.
  2. Tome I, p. 138, où l’on a imprimé Couslinan pour Coustenan.