Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/385

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d’un consul Memmius ; au moins se sont-ils laissé cajoler de ce grotesque[1].

Il avoit la tête un peu bien petite pour avoir beaucoup de cervelle, et il me souvient qu’il mena étourdiment le cardinal Mazarin à l’oraison funèbre du feu Roi que fit Ogier, où il y avoit bien des choses contre le cardinal de Richelieu. La mort ne lui permit pas de faire cette retraite. Il mourut de fièvre, en 1650, à l’âge de cinquante-cinq ans ou environ. Son frère de Mesme mit dans les billets d’enterrement : haut et puissant seigneur et commandeur des ordres du Roi[2]. Il faut être évêque, archevêque ou cardinal pour cela. Il avoit été officier (de l’ordre) et s’étoit conservé le cordon ; il étoit charitable. Durant qu’on bâtissoit sa maison, il faisoit payer les journées et panser à ses dépens les ouvriers qui se blessoient. Il ne fit point de testament ; peut-être ne croyoit-il pas mourir si tôt ? On dit qu’il avoit dessein de faire le fils aîné de M. d’Irval, aujourd’hui d’Avaux, son héritier. Il avoit prié Frotté, cet homme qui fut si fidèle au maréchal de Marillac, son maître, de l’avertir de donner sa vaisselle d’argent aux pauvres. Frotté l’oublia. Sa femme s’en ressouvint et l’écrivit à M. de Mesme. Pepin, son intendant, lui en parla. Il dit : « On trouvera un écrit pour cela dans mon cabinet. » Mais pour moi, je doute que le président de Mesme en ait rien fait, car il donna si peu aux valets, dont il y en avoit tel qui avoit servi

  1. Ils se disent originaires de Chalosse-Cujas, écrit à Memmius, son collègue. (T.)
  2. Cependant les autres officiers de l’ordre le mettent, et il y a fondement à cela dans l’institution, tant tout y est bien digéré. (T.)