Page:Tamizey de Larroque - Deux allocutions au sujet de Peiresc.djvu/10

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cieuse indulgence. Si vous daignez par vos sympathies m’encourager et me fortifier, ma joie ne sera plus mêlée d’inquiétude, et, de même que M. Prud’homme, dans son enthousiasme de garde national, s’écriait : Ce sabre est le plus beau jour de ma vie, je m’écrierai, dans ma vive reconnaissance pour le plus aimable des auditoires : Ce fauteuil est le plus beau jour de ma vie.

Moi qui aime déjà tant Peiresc, soit pour lui-même, soit pour les précieuses amitiés que je lui dois, je vais l’aimer plus encore puisqu’il me procure la bonne fortune de causer aujourd’hui — car ceci n’a rien d’oratoire, comme vous le voyez, et n’est qu’une simple et cordiale causerie avec l’élite de la ville si intelligente, si littéraire, qui a été justement surnommée l’Athènes du midi. Ô Athéniennes et Athéniens, permettez-moi de vous adresser tout d’abord un respectueux reproche : vous n’êtes pas assez fiers de ce grand homme qui s’appelle Fabri de Peiresc. Je sais bien que vous êtes très riches en gloires régionales et que l’on peut comparer la Provence à une de ces anciennes reines de Golconde qui voyaient — comme d’étincelantes rivières — ruisseler autour d’elles des milliers de diamants et qui avaient le droit de dire avec insouciance : un de plus un de moins, qu’importe ? Mais Peiresc est un diamant de si belle eau que l’on ne saurait trop l’apprécier et l’admirer. Vous donc, Provençaux, que l’on accuse parfois de mêler à des qualités aussi brillantes que votre magnifique soleil, un léger défaut, vous que l’on accuse..... comment dirai-je ?..... d’être un peu gascons par la vanité, vous faites preuve d’infiniment trop de modestie en ne mettant pas Peiresc à sa véritable place, parmi les plus illustres du XVIIe siècle. J’ose déclarer, moi qui, depuis près de vingt ana, vis sans cesse dans l’intimité