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DOCUMENTS INÉDITS SUR GASSENDI.

est sur une petite coline regardant le midy, où l’air est très-sain[1]. Il fust baptizé sur les fons de l’église de Champt(ercier) ; ses parrin et marrine furent…[2] Ce parrin luy vouloit donner un autre nom, mais le curé l’atrapa nommant devant luy[3] : Pierre je le baptize, etc., disant au parrin : Ne voulez-vous pas… etc. — On l’eslève au village.

1593. — Aagé de deux ans moins vingt-deux jours ainsy qu’à la suite il faudra toujours remarquer.

Il est au village.

Il se ressouvient qu’au mois de juillet de cete année, lequel mois fesoit seulement son dix-huictiesme, qu’on portoit en terre une certaine femme, de quoy par curiosité par après il s’est confirmé, ayant veu dans le registre de l’église que dans un tel mois une telle femme avoit esté enterrée.

1594. — Aagé de trois ans.

Il est au village, où estant foible et fort maladif à cause d’abondance d’humeurs on luy fit un cautère au bras gauche, mais peu de temps après on le laissa se reboucher[4], voyant que cela ne luy fesoit rien. Nota que dans ce bras, au moindre froid, il sent la douleur et il a fallu tousjours tenir ce bras là plus couvert que l’autre.

1595. — Aagé de quatre ans il sçait desja lire et commence à escrire.

Il est au village.

Voyant la lune transparante parmy les nuées, la regarde fort attentivement, et appelle ses compagnons pour la contempler, disant qu’il luy sembloit qu’elle marchoit viste, etc.[5].

1596. — Aagé de cinq ans.

  1. Champtercier (dont le nom s’écrivait aussi : Chantersier) est une petite commune (de moins de 400 âmes) du département des Basses-Alpes, dans l’arrondissement et canton de Digne, à 8 kilomètres de cette ville. La colline sur le penchant de laquelle s’éparpillent les maisons du village s’appelle la Tour d’Oise.
  2. Ici un vide qui est en partie comblé par cette addition marginale : son oncle Thomas Fabry. Nous savons par Samuel Sorbière que la mère de Gassendi s’appelait Françoise Fabry.
  3. C’est-à-dire avant luy. Il est probable que l’oncle Fabry voulait donner au nouveau-né le prénom de Thomas.
  4. Il est, je pense, inutile de faire observer que ces renseignements sont trop intimes pour avoir été fournis par d’autres biographes.
  5. On ne voit pas là que, comme on l’a tant dit et redit (Bougerel, Dom Chandon, Degérando, etc.), Gassendi « dès l’âge de quatre ans, ait déclamé de petits sermons. » Les mêmes biographes ont à se reprocher une autre exagération au sujet de la précoce vocation astronomique de Gassendi, surtout M. Degérando qui, dans la Biographie universelle, s’exprime ainsi « A quatre ans, il débitait de mémoire de petits sermons et se dérobait pendant la nuit à la surveillance de ses parents pour observer les astres. C’est transformer en une habitude ce qui, d’après notre manuscrit, fut, chez l’observateur de quatre ans, purement accidentel. » Bougerel, du moins, suivi par M. Aubé, donne sept ans à Gassendi préludant, à Champtercier, aux grandes découvertes astronomiques qui devaient immortaliser son nom. Pour ce qui regarde la lune, on peut compléter le récit qu’interrompt si malencontreusement l’etc. par le récit quelque peu arrangé et enjolivé de Bernier dans la Préface de l’Abrégé de la philosophie de Gassendi (1674).