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riage, dont fut un des témoins[1] l’ancien « precepteur-gouverneur de MM. de la Trousse, filz du grand-prevost, » comme dit Tallemant des Réaux[2], Chapelain s’exprime ainsi (t. i, p. 362-363) :

Madame, j’ay receu vostre lettre du 22e de ce mois en un temps où j’estois en une extrême peine de vous et presque désespéré d’en avoir plus de bonnes nouvelles. Car depuis celle que vous nous escrivistes du 1 novembre de l’année passée, nous n’avions eu aucun avis de vous, et, en mon particulier, j’ay plusieurs fois pensé que les sujets fort grands que vous aviés eu de vous affliger par vos pertes redoublées[3], se joignant à vostre mauvaise santé, ne vous eusse réduitte à un estat qui me donne de l’horreur seulement à le penser. Je loue Dieu d’apprendre que le retardement de vos lettres ne provient que du retardement des nostres, et que vostre vertu a esté encore plus forte que vos afflictions. Et je vous avoue qu’encore que j’attendisse cette fermeté d’âme de vous et cette parfaite résignation aux ordres de la Providence, je ne laisse pas de

  1. Le contrat de mariage fut signé à Paris, le 28 septembre 1636 ; il est transcrit dans le registre B 56 des Insinuations aux Archives départementales de Lot-et-Garonne. Jean Chapelain, secrétaire en la chambre du Roi, y figure comme ami de la famille. On trouvera ce document à l’Appendice. J’en dois la copie à Madame la comtesse de Raymond, dont la générosité me donne si bien le droit de dire qu’un bonheur ne vient jamais seul.
  2. Historiettes, 3e édition, t. iii, p. 264.
  3. Mme de Flamarens avait eu la douleur de perdre son frère aîné, le marquis de la Trousse, tué au siège de Saint-Omer, le 8 juillet 1638. Il ne faut pas le confondre avec son frère cadet, également appelé François, qui lui succéda dans le titre de marquis de la Trousse, et qui fut l’heureux époux, déjà nommé, d’Henriette de Coulanges. C’est celui qui, selon Mme de Motteville (Mémoires, édition Charpentier, t. ii, p. 115), tua avec une si exquise politesse un si grand nombre de gens en duel. C’était un bonheur de mourir de sa main, tant il débitait de douceurs en appliquant « de bons coups d’épée. » Voir sur ce maréchal de camp qui fut tué devant Tortose en 1648, et sur son frère Adrien, chevalier de Malte, qui devint lui aussi maréchal de camp et qui mourut en 1691, une note de M. le duc d’Aumale dans sa remarquable étude sur la première campagne de Condé. Rocroy (Revue des Deux-Mondes du 15 avril 1883, p. 733). L’illustre historien nous présente (même page) le second frère de Mme de Flamarens à la fois comme « un chef éprouvé » et comme le père « de l’ami de Mme de Sévigné. » Philippe-Auguste Le Hardy, marquis de la Trousse, fut, en effet, le grand ami de Mme de Sévigné, mais pourquoi ne pas ajouter qu’il en était aussi le cousin-germain ? Sur ces questions de cousinage, si l’annotateur des Lettres de Mme de Sévigné dit beaucoup trop, en revanche l’éminent historien des princes de Condé ne dit pas assez.