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connaître l’admirable mérite de la fille de Sébastien Le Hardi, seigneur de la Trousse, chevalier des ordres du Roi, prévôt ordinaire de son hôtel et grand-prévôt de France. Sans leurs abondantes révélations, on ignorerait à jamais ce que fut cette femme d’une destinée si malheureuse et d’une vertu si éclatante. Comme peu de personnes auraient le courage d’aller chercher ce qui la concerne dans les dix-huit cents pages à deux colonnes des in-4o qui renferment les lettres de Chapelain[1], et de descendre au fond du formidable abîme pour en rapporter quelques perles, je vais réunir ici un certain nombre de citations dont la lecture sera aussi facile que décisive. Devant l’éloquent ensemble de ces hommages, il sera vraiment impossible de ne pas déclarer que, dans la galerie des grandes dames du xviie siècle, aucune physionomie n’est plus sympathique que celle de la marquise de Flamarens.

La première des lettres de Chapelain à sa jeune amie reproduites dans mon recueil — car j’ai laissé de côté quelques lettres antérieures qui sont de pure civilité[2] — vint la trouver au château de Buzet[3]. Dans cette lettre, datée du 14 janvier 1639, un peu plus de deux ans après le ma-

  1. Le tome i a paru en 1880. Le tome ii, qui, hélas ! sera beaucoup plus gros, paraîtra vers la fin de l’année.
  2. Notamment une lettre adressée à Mlle de la Trousse, alors toute jeune fille (septembre 1632), voir t. i, p. 48. Chapelain y vante déjà la bonté de celle qui devait toujours être bonne entre toutes.
  3. Dans la commune actuelle de ce nom, canton de Damazan, arrondissement de Nérac, département de Lot-et-Garonne. Le beau château de Buzet, si pittoresquement situé, et qui par son architecture, comme par son histoire, mériterait tant une étude spéciale, appartenait encore au commencement de la Restauration à un descendant direct de la marquise de Flamarens, mort en 1818 sans enfants. Une de ses nièces, son héritière, épousa le comte Christophe de Beaumont. De ce mariage provint la comte Amblard de Beaumont, qui n’a laissé qu’une fille, mariée avec M. le comte de Noailles, aujourd’hui possesseur du château de Buzet. J’écris ceci sous la dictée de Madame la comtesse Marie de Raymond, qui connaît si bien l’histoire de toutes nos vieilles familles et de tous nos vieux châteaux, et qui communique si complaisamment les trésors d’une érudition qu’elle seule n’apprécie pas assez.