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huit jours après des lettres d’amnistie par l’entremise de M. le Mareschal d’Albret. Nous avions alors assemblée au palais d’où la Cour envoia M. le procureur général d’Arche vers M. le Mareschal d’Albret l’assurer, que nostre compaignie estoit preste à faire tout ce qui dépandroit d’elle pour le service du Roy, de quoy il feut très satisfait et approuva fort nostre conduite.

La seconde sédition arriva à trois heures du soir. Le prétexte fut le papier timbré, et la marque de l’étain fut le prétexte de la première. Le désordre fut très grand ; les gens de St-Michel et de Ste-Eulalie reprinrent les armes, les baffrois sonnans. M. le Mareschal d’Albret se rendit sur le fossé de l’hostel de ville avec la compaignie des gardes ; M. l’archevesque de Bordeaux s’y trouva[1], le sieur Villepreux, major de la ville, s’y rencontra ; les jurats, le sieur Dejehan, procureur syndic, et autres feurent assiegez dans l’hostel de ville par ces mutins. M. le comte de Montegut fit sortir quatre compaignies d’infanterie du régimant de Navaille tambour battant qu’avec une décharge qu’ils firent sur ledit fossé s’en rendirent maistres, et mirent en fuite cette populace qui se barricada dans la rue des Faures. Ceux qui voulurent alors sortir dudit hostel de ville le firent facilemant. Il y eut la nuit des corps de garde en plusieurs endroits surtout à l’hostel de ville, au marché, au Chapeau rouge, et ailheurs. Ces séditieux allèrent la nuit chez des particuliers pour les obliger à donner de l’argent ou à marcher avec eux. Le Parlemant fit pandre deux de ces misérables, l’un à la plasse St-Michel, l’autre sur le fossé de l’hostel de ville.

Le Roy voulant chastier la ville de Bordeaux y fit entrer le 19 novembre 1675 les troupes qui estoient en Roussillon, ce qu’elles firent tambour battant, mèche allumée, les timbales et les fifres sonnant, le sabre à la main.

Les officiers du Parlement, de la Chambre de l’Edit, de la Cour des Aydes, les thrésoriers de France, secrétaires du Roy, gentilshommes, jurats, procureur scindic et tuteur de la ville ont esté exempts

  1. Toutes les relations signalent la présence du généreux Henri de Béthune au milieu des révoltés qu’il chercha vainement à faire rentrer dans leur devoir. On attend avec impatience le beau livre que M. l’abbé Louis Bertrand va consacrer à un des plus saints et des plus illustres de tous les Archevêques de Bordeaux.