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Page:Tamizey de Larroque - Mélanges.djvu/28

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du logement effectif. Les bourgeois et habitans ont esté désarmés et leurs armes portées au chasteau Trompette, les privilèges ostés, les gens de guerre se sont saisis de toutes les portes y faisant garde ; la cavalerie devant l’hostel de ville et la maison de M. le président Pichon[1] sur le fossé du Chapeau rouge, se relevant le sabre à la main, comme dans une ville prinse d’assaut, les cloches de Saint Michel et de Sainte-Eulalie et les canons qui estoient dans l’hostel de ville ont esté portes dans le chasteau Trompette.

Le Parlement et la Chambre de l’Edit ont esté transférés à Condom et la Cour des Aydes à Libourne par les déclarations de Sa Majesté, du 26 dudit mois de novembre.

La Cour des Aydes a fait son ouverture à Libourne le 28 novembre 1675, dans la maison de ville ou le Présidial tenoit sa séance, avec cette circonstance que par délibération de la Cour nous demurames d’accord que tous les officiers porteroient robes et chaperons rouges fourrés d’hermine.

Auparavant m’en aller à Libourne je fis sortir de Bordeaux sur un passeport de M. le Mareschal d’Albret tous les meubles que j’y avois et les fis porter à Marmande, où estoit ma famme et ma famille. Après avoir demeuré à Libourne jusqu’à Noël, je m’en retourné à Marmande, où le Roy a transféré le Parlement et la Chambre de l’Edit par autre déclaration, du 13 janvier 1676[2]. Le Parlement a fait

  1. Sur le président Bernard de Pichon, seigneur de Longueville — il avait épousé en secondes noces Anne d’Affis, baronne de Longueville, fille du président Jean d’Affis et d’Anne de Massiot — voir une excellente notice de M. Jules Delpit, dans le tome IV des Archives historiques du département de la Gironde (p. 551-566). Cette notice est accompagnée d’un beau portrait de ce grand magistrat » dont on trouvera dans le même recueil, de nombreuses et intéressantes lettres.
  2. Boscheron des Portes dit ( t. ll, p. 209) que, « le Parlement envoy d’abord à Condom ne put y rester à cause de l’incommodité extrême d’un pareil séjour. » Le séjour de Marmande ne parut guères plus commode aux exilés, comme on peut le voir (même volume, p. 215), où leur mécontentement est ainsi dépeint, d’après les registres secrets : « Il leur avait été matériellement impossible de rester à Condom, première résidence assignée. Ils faisaient donc la rentrée de 1676 à Marmande, où il manquait plus de la moitié de la Compagnie, et le parquet tout entier. Dès ce jour là c’étaient des plaintes unanimes sur l’excessive cherté des vivres et des logements dans une petite ville dont les habitants spéculèrent sur ces objets de première nécessité. »