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INTRODUCTION.

caractères propres à chacune d’elles ; car, d’un côté, il faut toujours se rendre un compte exact de l’état antérieur de la science et des conditions dans lesquelles elle a été transmise ; il faut, d’autre part, pouvoir apprécier dans quel esprit ont été écrits les documents postérieurs.

Je n’ai évidemment pas la prétention d’avoir marqué, dans la rapide esquisse qui précède, tous les traits essentiels et nécessaires à connaître ; j’espère toutefois que les indications données suffiront pour faciliter l’intelligence des développements ultérieurs, auxquels me conduiront les discussions de détail amenées par le plan de cet ouvrage.

Des quatre périodes que j’ai définies, la première est, sans contredit, celle qui a été, jusqu’à présent, l’objet des travaux les plus nombreux ; c’est pourtant celle dont l’histoire reste toujours la plus obscure, et c’est à l’éclaircir, s’il est possible, c’est à rechercher et à appliquer de nouvelles méthodes de critique plus plausibles, que sont consacrées les études réunies dans ce volume. Je laisserai d’ailleurs de côté, en thèse générale, ce qui concerne, soit la médecine, soit la géométrie, qui veulent être traitées à part[1] ; je m’attacherai principalement à ce qui regarde la cosmologie, la physique générale et aussi l’astronomie, en tant du moins qu’elle se rattache au même ordre d’idées.

7. L’état d’imperfection relative où reste l’histoire des origines de ces sciences, ne tient pas seulement à l’insuffisance et à l’incertitude des documents que nous possédons sur cette période primitive ; il a une autre raison dont il convient de se rendre compte.

Les premiers penseurs grecs sont, de par la tradition, considérés comme philosophes ; leurs opinions ont donc été étudiées surtout par les philosophes, et les historiens des sciences particulières ont, d’ordinaire, admis sans plus ample informé les conclusions formulées par les historiens philosophiques qui leur ont paru les mieux autorisés.

  1. J’ai abordé un de ces deux sujets dans mon volume : la Géométrie grecque, comment son histoire nous est parvenue et ce que nous en savons. Paris, Gauthier-Villars, 1887. — Je ne pourrai cependant guère éviter, dans celui-ci, pour caractériser la valeur scientifique de divers penseurs, de faire quelques excursions dans le domaine des mathématiques, ainsi que dans plusieurs autres, en dehors de celui que j’ai particulièrement cherché à étudier.