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auteur de Successions ou autre compilateur, comme Pamphila, par exemple ; en tous cas, les dates ainsi garanties sont unanimement reconnues comme les plus dignes de foi. Aussi peut-on se proposer la restitution de la chronologie des anciens philosophes d’après Apollodore, comme un problème intéressant et qui, sur celui de la chronologie réelle et précise, offre au moins l’avantage de se présenter comme susceptible de solution.

Ce problème a été traité d’une façon magistrale par Hermann Diels dans le Rheinisches Museum (XXXI, 1, 15) et je vais rapporter ses principales conclusions que j’adopte pleinement.

Sauf des cas excessivement rares, Apollodore ne possède, en fait, aucune donnée précise ; il se trouve en réalité dans une situation assez analogue à la nôtre, lorsque nous faisons abstraction des dates contradictoires qui nous viennent d’écrivains postérieurs et qui dérivent d’ailleurs soit des siennes, soit de combinaisons différentes, mais faites sans critique, ne reposant sur aucun document sérieux, auxquelles enfin nous ne pourrons attribuer aucune valeur, quand nous aurons vu quel faible degré de confiance méritent les dates d’Apollodore lui-même.

Les procédés qu’il emploie sont passablement arbitraires ; mais, en dehors de leur simplicité, ils offrent au moins l’avantage d’être systématiques. Il recherchera les synchronismes établis par la tradition entre différents personnages contemporains ; dans le cas où une succession se dessine, il pourra partager également les temps ; mais surtout il s’attache à préciser ce qu’il appelle l’acmé de chaque philosophe : il s’agit de la date du fait le plus saillant de la vie, quand il peut la déterminer historiquement, et en même temps il suppose que l’acmé correspond à l’âge de quarante ans[1]. Il remonte dès lors à la date de la naissance, et quand la durée de la vie lui est connue par quelque renseignement biographique, il en déduit également la date de la mort. Autrement, ou bien il s’abstiendra de préciser cette dernière date, ou bien il indiquera la limite extrême à laquelle des témoignages historiques présentent comme encore vivant le personnage en question.

2. On va voir l’application de ces procédés ; nous aurons en même temps à discuter, pour chaque cas particulier, la valeur des

  1. Cette commode hypothèse paraît avoir été empruntée à Aristoxène, qui l’aurait tiré d’idées pythagoriennes sur la durée des différents âges de la vie.