Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/100

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quand nous cherchons à comprendre ces équilibres immobiles en apparence que nous appelons les corps solides, les cristaux, les planètes, ce sont des équilibres mobiles encore que nous sommes forcés d’y supposer par la notion dynamique des molécules à laquelle aboutissent nos observations. Or, équilibre mobile, qu’est-ce autre chose qu’opposition rythmique ?

C’est donc là le grand procédé universel ; mais à quoi sert-il ? Ne sert-il qu’à se répéter et se multiplier lui-même, de telle sorte que ces deux idées : Répétition et Opposition, l’une portant l’autre, seraient raison suffisante l’une de l’autre ? Non ; tout cela, répétitions et oppositions de tout genre, physiques, vitales, mentales, sociales, n’est bon qu’à l’universelle variation. L’utilité de ces équilibres, c’est leur rencontre et la déséquilibration rééquilibrante qui en résulte ; leur rencontre soi-disant accidentelle, et en réalité plus rationnelle que l’ordre qui la précède et que l’ordre qui la suit. L’utilité des gravitations astronomiques, c’est leur enchevêtrement, et les perturbations diversifiantes par lesquelles elles s’entremirent l’une dans l’autre, et se combinent pour ainsi dire en courbes délicatement dentelées. L’utilité des ondulations, ce sont leurs interférences, leurs altérations réciproques, production d’ondes nouvelles et plus compliquées ; comme l’utilité des œuvres organiques de la vie, individus, races, espèces, ce sont leurs croisements en individus nouveaux, en métis, en hybrides ; comme l’utilité des œuvres sociales de l’homme, ce sont leurs croisements aussi et leurs hymens en nouvelles inventions, en nouvelles œuvres plus hautes et plus richement nuancées.

Pouvons-nous invoquer, à l’appui des considérations précédentes,