Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/115

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je lise les lignes suivantes sous la plume d’un critique aussi savant, aussi profond, que M. Stallo[1]. « La supposition d’un maximum absolu d’existence matérielle est le complément nécessaire de la supposition d’un minimum absolu, l’atome. » Cela signifie que, si l’atome, l’élément matériel premier, est conçu comme n’étant pas infinitésimal, l’univers doit être conçu comme n’étant pas infini ; et, par suite, que, si l’atome est infinitésimal, l’univers doit être infini. Mais pourquoi ? Raison de symétrie, je pense.

Nous avons dit que l’opposition centripète s’opposait à l’opposition centrifuge, mais ce n’est souvent qu’une illusion. Par exemple, le rayonnement solaire, dans l’économie du globe, joue le rôle d’antagoniste apparent de l’attraction, et en réalité il est son auxiliaire. Une fois les continents formés, l’attraction serait impuissante à entraîner dans des lieux de plus en plus bas les matières solides de la planète. Mais, grâce à l’élévation des eaux sous forme de nuages et à leur précipitation sous forme de pluies ou de glaciers, les terres sont lentement précipitées dans le fond des mers, où elles s’accumulent en couches molles, principalement à l’embouchure des grands fleuves limoneux. Le soleil, en effet, ne soulève que les parties liquides de la substance terrestre ; et, comme les terres proprement dites, c’est-à-dire les parties solides, après avoir été entraînées par le cours des eaux, restent au fond des mers, tandis que les eaux se relèvent incessamment de leur chute et ne tombent que pour remonter, il y a longtemps, étant donné la longévité du monde, que toutes les terres auraient

  1. Dans son livre si pénétrant et si magistral sur la Matière et la Physique moderne.