Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/116

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été nivelées, toutes les montagnes rasées, l’univers entier mis sous l’eau, si, dans le sein du globe, nulle force cachée n’agissait pour soulever à leur tour les terres, que la lumière et la chaleur solaires tendent à déprimer, de concert avec la pesanteur. Si cette force n’existait pas, ce serait des terres et non des eaux qu’il conviendrait de dire qu’elles recherchent le lieu le plus bas et la surface horizontale. Alors, sur un fond uni et sans rides, d’une profondeur parfaitement égale, l’océan se balancerait éternellement et passerait son éternité, soit à se balancer de la sorte, soit à monter et descendre, à monter en nuages et descendre en pluies.

Mais la force interne de soulèvement existe ; elle complète la force extérieure de soulèvement, qui émane du soleil. Celle-ci agit uniquement sur les eaux, celle-là sur les terres ; l’une et l’autre entretiennent le tourbillon vital du globe, la circulation active de ses éléments. Ainsi envisagée, notre sphère planétaire s’anime à nos yeux, s’organise et prend vie. La coopération de ces deux forces, étrangères l’une à l’autre et concourant au même but, rappelle la collaboration des forces chimiques au service de nos organes ; et la série des changements continus qu’a subis, depuis le début des âges géologiques, la carte des continents et des mers, se présente à nous comme une suite de métamorphoses animales ou végétales dont l’irrégularité ou la bizarrerie ont leur signification.

Je ne puis pourtant pas terminer ce chapitre sans dire un mot du Choc. S’il faut en croire l’hypothèse atomistique, le fait de beaucoup le plus général, le fait vraiment universel, éternel, éternellement fécond, le fait qui remplit la terre et les cieux, l’infinitésimal et l’infini, c’est le choc. Le nombre